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Nicolas Fox, ancien élève percussioniste du CRR
Rémi Fox, ancien élève saxophoniste du CRR
- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Rémi Fox : Rémi Fox, saxophoniste, monteur de projets créatifs et pédagogiques et notamment du groupe nOx.3 et Linda Oláh avec mon frère Nicolas
Nicolas Fox : Je suis Nicolas, frère de Rémi, batteur, percussionniste, compositeur, membre de divers projets comme Médéric Collignon, Riccardo Del Fra et surtout nOx.3 et Linda Olàh
- Quel âge avez-vous ?
Rémi : On a 33 ans
Nicolas : L’un est né à 7h12 et l’autre à 7h14 ! - Qu'est-ce qui vous plait dans votre métier ?
Rémi : Le sentiment de liberté, le fait de pouvoir s’exprimer, la nouveauté, les rencontres, le fait que chaque journée est différente et que je n’ai pas de routine
Nicolas : Les échanges, un tas de rencontres, les surprises. Grâce à ce que je fais et depuis notre passage au Conservatoire de l'Eurométropole de Metz il s’est passé des choses incroyables et inattendues ! - On se voit dans un contexte un peu particulier [1 an de pandémie nrdl], comment vivez-vous ce moment en tant qu’artiste ?
Rémi : Je suis partagé entre deux sentiments différents : la frustration de ne pas retrouver le public, de ne pas être sur scène, de ne pas exercer notre métier comme on devrait l’exercer et il y a aussi un sentiment de déception par rapport à la manière dont on est soutenus. Ça fait un an qu’on espère et qu’on envisage des réouvertures, au moins partielles et cela ne se fait pas. Désormais, cela devient… vital que cela reprenne. Et en même temps, cette période nous a forcé à repenser les choses, ça m’a donné plein de nouvelles idées, ça pousse à être encore plus créatif. Des choses ont pu se faire tout seul ou avec des groupes. C’est dur mais aussi stimulant.
Nicolas : Il a fallu repenser le métier. Certains ont baissé les bras et d’autres ont trouvé l’énergie pour proposer d’autres choses, c’est une période très contrastée, on essaie de rester positifs…. - Votre actu reste néanmoins riche, pourriez-vous me parler de l’un de vos projets actuels ?
Nicolas : Oui, je pense à la création de notre projet MiMo qui a été créé et enregistré à l’Arsenal, c’est un beau projet sur lequel nous travaillons depuis 2 ans avec la Cité musicale-Metz. Cela nous a fait vraiment très plaisir de retrouver cette salle, c’est un lieu émouvant pour moi car j’y avais fait énormément de projets dans le cadre de mes études au CRR de l'Eurométropole de Metz, comme le festival de musique contemporaine Acanthes avec Eric Chartier (professeur de percussion au sein du CRR de l'Eurométropole de Metz).
Rémi : Oui cette résidence autour du projet MiMo à Metz est importante. Ce projet, nous avons également pu le donner dans le cadre du Concours Quattropole. Et puis là en ce moment, je suis en résidence de recherche artistique à l’Ircam et je mène un projet artistique et pédagogique auprès de classes de CM1 et CM2 d’une école de Creutzwald. Pendant des interventions réparties sur 6 mois, j’apprends aux élèves à improviser, je les familiarise avec l’univers électronique, on enregistre ensemble. Ce projet s’appelle Le rêve éveillé. - Quel a été votre parcours au conservatoire de l'Eurométropole de Metz ?
Nicolas : J’ai passé mon DEM de percussion en 2012 dans la classe d’Eric Chartier, je suis rentré en 2008 en percussion classique. La musique m’a sauvée à un moment où c'était un peu chaotique à l’école pour moi. Je me souviens d’un jour où mon père et mon frère sont venus me chercher au lycée et m’ont dit « arrête l’école et va faire de la musique ! ». J’avais rencontré Fred (Frédéric Schoenhentz-Kzink, professeur de percussion au sein du CRR de l'Eurométropole de Metz) au sein d’un stage, je n’avais jamais fait de percussion classique, j’étais batteur mais je suis tombé amoureux de cette classe et je suis allé jusqu’au bout du cursus de percussion classique. Eric Chartier m’a appris à écouter, à entendre différemment, ça m’a appris à entendre et à jouer de la musique, les mélodies, le phrasé, la technique. C’était un nouveau monde pour moi qui était batteur ! Puis un peu après, j’ai intégré le département jazz en batterie jazz que j’ai suivi parallèlement. J’ai aussi obtenu mon DEM de batterie jazz en 2012, avec Jean-Marc Robin. La même année, je suis rentrée au CNSMD de Paris en batterie jazz
L’éducation nationale ne voulait plus de moi…
Rémi : Je suis rentré en saxophone classique chez M. Joyeux [Christian Joyeux, professeur de saxophone au CRR de l'Eurométropole de Metz] puis j’ai intégré le département jazz. A ce moment-là, cela fonctionnait par weekend chaque mois, alors j’allais à chaque weekend de jazz suivre les cours d’Éric Barret et de Jean Gobinet notamment. La même année j’ai passé mon DEM de saxophone jazz et mon DEM de saxophone classique. Et c’était super, les deux pratiques se nourrissaient. Christian Joyeux était un prof très ouvert, au-delà des clivages jazz-classique, il m’a laissé libre d’aller vers le jazz, j’ai eu de la chance. Bon au final c’est le jazz qui l’a emporté ! - Et avant le CRR de l'Eurométropole de Metz, pourriez-vous me dire quelques mots sur votre précédente école de musique ?
Nicolas : On a commencé la musique à l’école de musique d’Hagondange, à 6 ans en classe d’éveil musical et à 7 ans l’instrument et nos parents ont choisi pour nous le saxophone et la batterie et on n’a jamais changé.
Rémi : Si, moi j’ai vraiment choisi le saxophone ! Toi c’est peut-être un peu papa qui t’a orienté oui.
En effet, Hagondange, c’est notre base, c’est important d’en parler. On a joué il n’y a pas longtemps avec le big band Bibacoha à l’Arsenal de Metz d’ailleurs. C’était une école qui favorisait des approches plurielles, à la fois classique et l’improvisation. Clairement, c’est là où j’ai joué mes premières improvisations. C’est là où pour la première fois j’ai improvisé, Laurent Kiefer m’a dit « Vas-y Rémi, improvise ! »
Et puis notre père qui est très mélomane nous a fait écouter énormément de musique, du rock au classique, c’est lui qui m’a offert mes premiers disques de jazz. D’ailleurs il faut dire qu’à l’époque Nicolas et moi nous étions « ennemi musicalement ».
Il écoutait du métal et moi du jazz ! On avait beaucoup de « débats » (rires)
Et aujourd’hui on joue dans le même groupe !
Nicolas : Et on continue de « débattre » d’ailleurs (rires) ! Et concernant Hagondange, je voulais parler également de l’importance pour moi de la colonie musicale, vraiment ce moment, il m’a fait vriller, c’était trois semaines de musique l’été ! Après avoir vécu cela, il n'y avait plus de place dans ma tête pour autre chose, il n’y avait de la place que pour la musique ! C’était un moment et un travail artistique qui m’a vraiment poussé à faire ce que je fais aujourd’hui ! - Votre meilleur souvenir ? Votre pire souvenir ?
Rémi : Le pire souvenir, les épreuves de chant dans le cadre de la formation musicale. Le meilleur souvenir, il y en a tellement ! Mais je dirais le jour où j’ai passé et obtenu le DEM de jazz.
Nicolas : Le pire souvenir ou les pires moments, ce sont les quelques minutes avant les cours d’Eric Chartier avant de savoir ce qu’est travailler. A l’époque, je ne savais pas travailler, je n’avais pas de méthode, je travaillais mal alors avant les cours j’avais la boule au ventre, je culpabilisais. Au final, c’est lui qui m’a appris à être rigoureux, à travailler vraiment.
Les meilleurs souvenirs, ce sont les moments de discussion après les cours, avec Eric (Chartier) ou les autres élèves de la classe, plein de copains encore aujourd’hui, nous avions des échanges passionnants !
- Un conseil, une phrase culte d'un de vos anciens professeurs ?
Nicolas : Moi ce n’est pas vraiment une phrase, c’est l’expression faciale de Jean-Marc Robin, le sourire qu’il a, en cours ou en concert, son visage qui s’illumine quand tu proposes quelque chose de bien !
Rémi : C’est dur cette question, avec Christian Joyeux, il y avait au moins une phrase culte par cours ! - Meilleur concert ou évènement auquel vous avez participé ?
Rémi : Oh la la mais là aussi il y en plein, c’est trop dur…
Les deux frères parlent en même temps, ça fuse !
Nicolas : Je dirais un projet que nous avions fait avec la classe de percussions avec les « Percu Claviers de Lyon » sur une composition de François Narboni. On avait fait un « travail chirurgical » à la [Eric] Chartier. Ça a été dingue musicalement.
Rémi : Une fois nous avions improvisé sur des œuvres aux Beaux-Arts, je crois que le département danse avait également participé. J’avais adoré ce mélange des disciplines, aujourd’hui c’est ce sur quoi j’aime et je souhaite travailler.
Nous avions fait aussi une superbe tournée de concerts en Belgique avec le big band du département jazz. - Êtes-vous encore en lien avec le CRR ?
Nicolas : Je suis les réseaux sociaux du conservatoire, Instagram, Facebook. Je suis encore en lien avec Eric Chartier, Jean-Marc Robin. J’ai aussi longtemps joué au Flying Orkestar où quasiment tous les membres sont des anciens élèves du Conservatoire de l'Eurométropole de Metz. J’ai encore beaucoup d’amis de cette époque-là. Quand je suis entré au CNSMD de Paris, il y avait un petit groupe de ceux du CRR de l'Eurométropole de Metz, ça faisait plaisir, « la famille, quoi » !
Rémi : Avec Damien Prudhomme bien sûr ! Je peux d’ailleurs dire que c’est mon mentor, ça a été mon premier prof de jazz. Aujourd’hui, je pense qu’on peut dire qu’on est à la fois ami et collègue mais c’est mon prof, c’est lui qui m’a ouvert la voie. Je me demande si j’ai été le premier de ses élèves saxophonistes en jazz au Conservatoire de Montigny-les-Metz, il a ensuite été mon professeur au Conservatoire de l'Eurométropole de Metz. Et puis bien sûr, énormément d’amis rencontrés au CRR et qui le sont restés !
Nicolas : On vit tellement de moments inoubliables grâce à la musique, ça noue des liens forts, des amitiés fortes, solides. - Votre film préféré ?
Nicolas : Man on the moon de Milos Forman
Rémi : 2001 Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick - Musique préférée ?
Nicolas : Black song de John Hollenbeck
Rémi : Kenny G
Nicolas : Je te maudis Rémi de m’avoir fait découvrir Kenny G
Rémi : Ahahah t’aimes pas le saxo ? - Roman culte ?
Rémi : 1984 de George Orwell
Nicolas : Autobiographie de Quincy Jones - Compositeur préféré ?
Nicolas : John Hollenbeck
Rémi : Oh mais c’est trop dur d’en choisir un !
Nicolas : Jean-Jacques Goldman, allez assume !
Rémi : …. György Ligeti - Auteur préféré ?
Rémi : Enki Bilal
Nicolas : C’est quoi déjà le bouquin que je lis en ce moment… ? de toutes façons, dès que ce n’est pas de la musique, j’oublie !
- Votre principale qualité et votre pire défaut ?
Nicolas : Je cuisine très bien mais je mange beaucoup trop ce que je cuisine !
Rémi : Je suis gentil et…trop gentil ! - Quel serait le conservatoire de demain selon vous ?
Nicolas : Un conservatoire sans solfège mais je crois qu’aujourd’hui on fait de la formation musicale non ?
Rémi : Et puis t’exagère il y a aussi de la FM jazz !
Nicolas : Un conservatoire où il y aurait un pont entre toutes les disciplines, où on réussirait à prendre conscience de tout ce qui se passe dans tous les étages (cours d’orchestre, de composition, de jazz, de classique, de danse etc.)
Rémi : Déjà un conservatoire qui ne s’appellerait plus… « conservatoire » ! Un conservatoire où il n’y aurait plus de découpage entre les départements, où il y aurait une complète interdisciplinarité, où on mélangerait les gens et les apprentissages.
- Un conseil pour nos jeunes élèves ?
Rémi : Les rencontres ! C’est les gens qu’on rencontre qui nous font ! Et surtout, ne pas avoir peur de faire la musique qu’on a envie de faire.
Nicolas : Voir vers l’avant constamment. Ne pas s’arrêter à ce qu’on nous demande de faire, il faut bien sûr respecter ses professeurs mais il faut être créatif et prendre ce qu’il y a à prendre et construire à partir de là son propre discours
Crédit photo : Annabelle Raoult
Interview réalisée le 30 avril 2021
Dernière mise à jour le 12 juillet 2023
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